4 milliards de tonnes de déchets sont générées dans le monde chaque année, et en 2 décennies, la production annuelle de déchets plastiques est passée de 156 à 353 millions de tonnes (OCDE, 2022).
Pendant longtemps, nous avons enfoui, incinéré englouti dans les eaux profondes, toutes les ordures que nous ne voulions pas voir. Hantise de la souillure. Cacher la part maudite. Continuer, coûte que coûte, à surconsommer avec insouciance.
Puis, nos rebuts ont commencé à refaire surface, à défigurer les paysages. Effet boomerang. Nos sociétés industrialisées se sont alors lancées dans la valorisation et le recyclage des déchets, devenus une véritable ressource. Le déchet est alors pensé comme une « matière première secondaire » à réinjecter dans le système de production grâce à une batterie d’innovations technologiques.
Si la pratique est intéressante, elle soulève des questions. Arrivons-nous pour autant à maitriser ce débordement détritique ? Cela permet-il d’envisager un rapport plus harmonieux avec le vivant ? La valorisation industrielle des déchets n’est-elle pas l’ajustement nécessaire qui permet au système consumériste de continuer à fonctionner en dépit de la crise écologique ? Le recyclage industriel ne se nourrit-il pas du jetable et ne contribue-t-il pas à perpétuer son utilisation ?
Nous oublions souvent que nos déchets ne soulèvent pas que des questions techniques. En nous débarrassant au plus vite de nos ordures, nous ne cherchons pas à connaitre leurs trajectoires, elles disparaissent dans un abîme sans nom. Qu’est-ce que cela dit de nous, de notre rapport à la nature et à autrui ?
Nous produisons, consommons et rejetons sans prendre en compte les capacités des ressources naturelles à se renouveler mais nous occultons aussi que notre mode de vie est vecteur d’injustices lorsque le traitement de nos immondices repose sur des travailleurs invisibles et un système faussement globalisé : les pays du Sud construisant une partie de leur économie de pauvreté sur le traitement des déchets du Nord.
Je nous souhaite d’avoir le courage d’ôter nos œillères et d’oser regarder ce que nous refoulons avec beaucoup d’énergie.
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