Plages de plastique

🌊 Plages de plastique.

En décembre dernier, des milliers de billes de plastique blanches – matière première servant à fabriquer des objets en plastique – ont recouvert les plages de la côte Atlantique. L’hypothèse principale est qu’elles proviendraient d’un container tombé d’un bateau dans l’Atlantique Nord. Les billes ont fini par se mélanger avec l’eau et le sable au point de devenir invisibles à l’œil nu. Or, ces plastiques, ingurgités par la faune marine ou fragmentés en microplastiques, sont nocifs pour l’environnement. Pour l’association Surfrider, les rejets de pellets en plastique seraient de 230000 tonnes à l’échelle mondiale.

☠️ On croyait le plastique fantastique, le voilà toxique mais, il fascine encore. Roland Barthes disait du plastique qu’il est le triomphe de l’artificialité, l’image de l’être humain devenu Créateur. Notre fascination se loge sans doute ici, dans notre souhait de nous arracher à notre condition humaine.

🧃Cette matière artificielle entraine de nouveaux rapports aux objets et modifie les usages que nous en avons. « Le plastique tout entier englouti dans son usage : à la limite, on inventera des objets pour le plaisir d’en user. » Société du gadget.

❓Ce qui m’interroge, c’est l’invisibilité de la fabrication concrète de ces objets. C’est une véritable boite noire pour la majorité d’entre nous et il me semble que nous faisons tout pour continuer à croire encore un peu au mythe de cette matière créée ex nihilo, à notre puissance technique qui nous libère (croit-on) de notre ancrage terrestre.

🐚 Lorsque ces billes plastiques, par effet boomerang, nous reviennent en pleine face, sommes-nous indignés par la pollution qu’elles engendrent dans les océans et sur les plages ou parce qu’elles nous rappellent, entremêlées aux coquillages, algues et os de seiche, cette appartenance que nous cherchons à fuir ?

🌍 Nous avons beau vivre dans un monde où prolifèrent des objets plastiques prêts à jeter, nous n’en avons toujours pas moins les pieds sur terre, même sur un sol bitumé. Il est temps d’« atterrir » dirait Bruno Latour.

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