Consolation

🙏🏻 Nous avons/ferons tou.te.s l’expérience de la consolation que nous soyons à la place délicate d’apporter une consolation ou dans celle, douloureuse, d’être ou de désiré être consolé. La consolation n’est pas une recherche de solution, elle est fragile et incertaine, elle n’est ni invigoration ni réparation magique, elle tâtonne avec tendresse et humilité, car celui qui console ne le fait pas au nom d’un savoir ou d’une expérience à laquelle il faudrait se soumettre mais au nom de la fraternité ou de l’amour. La philosophie peut-elle alors être consolatrice ? Ne cherche-t-elle pas, avant tout, à regarder avec lucidité le réel tel qu’il est ?

🔍 Alors que la philosophie des Anciens consolait du présent par la réminiscence des ordres originels (nature, communauté, logos) celle des Modernes, qui s’oriente vers le futur par la volonté de connaître un avenir incertain, renonce alors à satisfaire le besoin de consolation qu’elle abandonne au religieux ou à la psychologie. Elle considère que son rôle est de rechercher la vérité et se méfie de la consolation. Elle y voit un baume qui rend notre vie mensongèrement supportable.

❓Pour le philosophe Michael Foessel, si la philosophie n’a plus pour rôle de consoler, penser la consolation permet cependant de considérer la dimension intime (la perte d’un proche) et politique (la perte d’un idéal, d’une espérance collective) de la perte. Penser la consolation c’est alors mettre en relief la force subversive du chagrin : il est une remise en question de ce qui est (Pourquoi moi? Pourquoi ce monde? Pourquoi cette société?) et qu’une mauvaise consolation pourrait (par crainte de cette remise en cause?) éluder.

😌 Car la consolation n’est pas le divertissement qui est manière de nier la perte, de l’oublier en s’agitant, avec le risque que celui qui souffre se fige, par rebond, dans une posture d’inconsolable. Au contraire, le consolateur a la lucidité de parler de l’objet de la peine, de s’y attarder, en murmurant.

🫶 Alors si la philosophie ne console plus, elle permet encore d’éclairer cette façon « d’être avec » l’autre et montre, par-là, que c’est toujours une erreur de se durcir le cœur.

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