Cet été, les pompiers ont sauvé notre maison. Autour, le massif de la Montagnette – poumon vert d’Avignon – a été, en partie, dévasté. 1500ha entre le 14 & le 18 juillet.
Le paysage avait brutalement changé. Les arbres calcinés se tenaient alignés, efflanqués, comme des allumettes brûlées. Les végétaux dévoilaient leurs sombres squelettes. Plus de sous-bois. Le sol à vif. L’odeur de garrigue a laissé la place à une odeur asphyxiante de cendre. Plus de chants d’oiseaux. Plus de bruissement de vent dans les feuillages. Un silence écrasant comme le soleil. Le sentiment de perte est immense à l’égard d’un paysage qui nous façonne au quotidien et qui garde en lui nos souvenirs.
La douleur aurait pu s’arrêter là, mais depuis cet automne, des machines arrachent, coupent, débitent les arbres carbonisés. Or, l’utilisation de matériels lourds — abatteuses et débardeurs — malmène les sols, elle les tasse et les rend durs comme une cuirasse de béton. Elle appauvrit la vie organique. Mis à nu, le sol s’érode. Une grosse partie de la forêt brulée est par endroit moissonnée comme un champ de blé, la surface scalpée de toute végétation. Le mistral souffle sans relâche sur un sol asséché. Bourrasques de poussières.
Cela soulève de nombreuses réflexions et interrogations. Pouvons-nous continuer à ignorer l’origine sociale de ces grands feux de forêts devenus incontrôlables ? Effectuer des coupes rases et labourer les forêts est-ce vraiment la seule façon de gérer la forêt après un incendie ?
Il existe des alternatives qui encouragent la régénération naturelle. A qui profite l’abattage massif d’arbres ?
Deux visions s’affrontent : la forêt comme un champ à bois ou comme écosystème dont il faut préserver la diversité. Or, des études montrent que l’actuelle gestion industrielle tend à rendre les forêts moins résilientes aux feux. Passons-nous, comme le suggère la philosophe Joëlle Zask, de l’Anthropocène à la Pyrocène ?
Il y a un vrai combat à mener mais je nous souhaite encore de doux moments à l’ombre de la canopée.
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