Lorsque j’ai commencé la lecture de « Vivre vite » de Brigitte Giraud, j’ai d’abord été fascinée par le titre. Il m’a évoqué l’incandescence, le désir de vivre avec ardeur, un pied de nez aux vies trop bien rangées. Et puis, j’ai pensé à la cadence infernale de nos semaines, à notre besoin d’être débordés, pour exister et être reconnus.
Nous nous déplaçons plus vite, les informations sont transmises en « temps réel », nous fabriquons des objets en un temps record et pouvons, avec internet, établir des contacts immédiatement. Logiquement, nous devrions gagner du temps et avoir moins à nous presser. Or, le philosophe Hartmut Rosa montre bien que nous avons de moins en moins de temps.
A l’accélération de l’innovation technique et du changement social, s’ajoute une accélération des rythmes de vie. Nous cherchons à faire plus de choses en moins de temps. Performants, compétitifs dans la vie professionnelle mais aussi dans la sphère privée. Je pense à toutes les choses dont on nous dit « qu’il faut absolument avoir fait une fois dans sa vie » et qui, par effet rebond, produisent tout un tas de propositions pour augmenter notre vitesse d’action : Fast-Food, Speed Dating, Power Nap, Quality time avec les enfants (consacrer aussi peu de temps que possible avec les enfants sans les négliger émotionnellement) ou Multitasking.
Or, dans ce règne du zapping permanent, qu’arrive-t-il quand un caillou enraye la cadence ? Lorsque ce qu’on appelle un « accident » de vie – ce qui n’est en somme que la vie elle-même, puisqu’elle n’est faite que d’aléas – vient perturber notre efficacité ? La perte de sens, l’épuisement, le burn-out, loin d’être des défaillances individuelles sont en fait le résultat d’un fonctionnement de société qui nous empêche de nous penser dans le temps et d’habiter le monde.
Pour notre santé à tous et celle de la planète, je nous souhaite d’être attentifs à ce qui résiste à cette agitation, en nous et hors de nous, pour trouver collectivement des leviers de décélération. Que diriez-vous de lever le pied pour aller vers plus de « résonance »?
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