Refaire sa carte d’identité devrait être un acte banal, simple, administratif. Pourtant, il a engendré chez moi de multiples questionnements. Quelques cases, quelques mots pour nous définir, nous présenter au monde. Date et lieu de naissance, nom, prénom. C’est effectivement ce qui nous définit mais nous sommes tellement plus. Comment composer avec cette identité qui nous est imposée ?
Parfois elle peut être un socle dans lequel on s’enracine ; parfois elle est une quête vitale et nécessaire, lorsqu’on cherche à obtenir des papiers pour simplement exister ; parfois, on souhaite s’en émanciper car cette identité nous empêche – paradoxalement – de devenir nous-mêmes, de nous accomplir.
Car avoir une identité ne nous oblige en rien à être, toute une vie, le même être constant et identique. Nous changeons physiquement, nous embrassons de nouvelles idées, pensons différemment, posons un regard différent sur notre environnement et notre propre vie. Sous cette identité fixe, coule dans nos veines et notre esprit mille changements. N’est-ce pas étourdissant de nous imaginer en perpétuel mouvement ? Il est vertigineux de penser simultanément, sans doute à juste titre, l’identité et la multiplicité.
Aussi, quand on nous dit – le plus souvent sur le ton du reproche – « je trouve que tu as changé », « tu n’es plus la/le même », cela peut nous paraitre étrange, voir déstabilisant: étant moi-même, puis-je vraiment devenir quelqu’un d’autre ? Qu’est-ce que l’autre, qui certifie ainsi mon changement, peut connaitre de moi mieux que moi-même ? Le regard d’autrui, lorsqu’il veut nous cantonner à une place fixe (rassurante ?) n’est-il pas écrasant ?
L’image que l’on renvoie n’est pas toujours conforme à ce que nous concevons comme étant notre identité, notre « moi ». Dissonance. Il est pourtant difficile de penser son identité sans relation aux autres.
Je nous souhaite d’arriver à explorer les multiplicités qui nous construisent et nous habitent & d’avoir la bienveillance d’accepter, chez l’autre, les métamorphoses que nous ne comprenons pas, qui nous dérangent. Je nous souhaite d’oser bousculer les contours fragiles de nos êtres.
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